Académie Royale de Langue et de Littérature Françaises de Belgique
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Composition


Alain Bosquet

Alain Bosquet / Photo © Nicole Hellyn Membre étranger littéraire du 14 juin 1986 au 8 mars 1998.
Prédécesseur : Jean Cassou
Successeur : Hubert Nyssen
Fauteuil 33

BIOGRAPHIE

Anatole Bisk voit le jour à Odessa le 28 mars 1919, mais la guerre civile qui ravage l’Ukraine contraint bientôt ses parents à l’exil. Après un passage en Bulgarie, les Bisk s’installent en Belgique en 1925. Anatole fait ses humanités, puis entame des études de philologie romane à l’Université libre de Bruxelles en 1938 et, dès l’année suivante, fonde avec José-André Lacour, sa première revue littéraire, Pylône, qui enthousiasme Franz Hellens. Son Anthologie de poèmes inédits de Belgique publiée en 1939, précédée d’une préface incendiaire, suscite la réaction très vive de Charles
Plisnier et de Robert Poulet.

Après l’invasion de la Belgique, il rejoint l’armée belge à Montpellier, avant de partir pour les États-Unis. À peine arrivé à New York, il se voit proposer par Robert Goffin le secrétariat de rédaction du journal gaulliste La Voix de la France. Il devient dès lors Alain Bosquet. Il rencontre Mondrian, Breton, Chagall, Dali, Jules Romains et correspond avec Caillois ou Supervielle. Il fait paraître en 1942 son premier recueil de poèmes L’Image impardonnable, illustré par Fernand Léger. En 1943, il s’engage dans l’armée américaine et participe, à Londres, à la préparation du débarquement. Après l’armistice, il devient fonctionnaire du Conseil de contrôle à Berlin. «La Deuxième Guerre mondiale a joué à la perfection son rôle d’éducatrice», écrira-t-il.
Dès 1948, il prend la codirection de la revue littéraire Das Lot dont Gottfried Benn dira qu’elle a été l’événement capital des lettres allemandes après la défaite. En avril 1951, il démissionne à la suite des premières interventions de McCarthy et s’installe à Paris; il termine ses études à la Sorbonne. À la recommandation de Paulhan, Gallimard publie en 1952 son premier roman, La Grande Éclipse. Ses activités de critique se multiplient, à Combat et à la NRF, ensuite au Monde et au Figaro. La liberté de ses critiques lui vaut des inimitiés notoires et des appuis solides. Ainsi s’inaugure une carrière au cours de laquelle les distinctions se multiplieront : Guillaume Apollinaire, Sainte-Beuve, Fémina-Vacaresco, Interallié, grands prix de poésie et du roman de l’Académie française, etc. Il prend dans la république des lettres la place prépondérante qu’il ne cessera d’occuper.

Bosquet a écrit une vingtaine d’ouvrages romanesques qui, comme La Confession mexicaine (1965), Jean-Louis Trabard, médecin (1980) ou Le Métier d’otage (1989), interpellent la génération qui avait une vingtaine d’années en 1945, le carriérisme et l’«honorable médiocrité» de ces Tigres de papiers (1968). Le désenchantement envahit la relation amoureuse, le scepticisme règne en maître dans Monsieur Vaudeville et dans L’Amour bourgeois (1974). Bien qu’il compare lui-même, sans aménité, ces récits à des «scénarios pour film mal conçu», le regard impitoyable sur la condition humaine qui s’y manifeste, sauvé par une allègre ironie, fait de Bosquet un véritable moraliste qui se livre aussi, avec une provocante délectation, à l’aphorisme.

Il faut détacher de cette production romanesque le «triptyque bio-fictionnel». Dans Une mère russe (1978), les faits objectifs de la biographie sont évoqués non pas chronologiquement, mais au rythme sinueux de la mémoire et, cherchant à comprendre la psychologie de sa mère, le narrateur met au jour la sienne propre, «partagée, selon Mandiargues, entre une tendresse et une agressivité portées chacune au point extrême, ce qui est tout à fait singulier chez un être doué, par ailleurs, d’une sensibilité cosmique». L’approche autobiographique se développe avec la trilogie des Trente premières années : L’Enfant que tu étais (1982), Ni guerre ni paix (1983) et Les Fêtes cruelles (1984). Enfin, l’évocation s’achève, comme en écho, par la publication, en 1986, de la Lettre à mon père qui aurait eu cent ans.

Les lignes de force de son évolution poétique ont été tracées par l’auteur lui-même. «Première étape, entre 1943 et 1948 : la guerre et la condition atomique née avec Hiroshima. Deuxième étape, le besoin de féerie marqué par l’influence du Mexique précolombien. Troisième étape, entre 1957 et 1965 : les Testaments : la confession d’un contemporain entre l’absurde et l’absolu. Quatrième phase : les Notes : le choix difficile entre le je, le tu et les pluriels, dans la recherche d’identité. Cinquième phase: Le Livre du doute et de la grâce et surtout Le Tourment de Dieu (1987) — ouvrage traduit en onze langues — soulignant la nécessité d’une dimension spirituelle chez un incroyant.» Sixième étape : la satire avec les Sonnets pour une fin de siècle.

Les trois brefs romans réunis sous le titre Les Solitudes, en 1992, délaissent l’autobiographie pour une vision plus objective de son «règlement de comptes avec le siècle». Les derniers recueils, notamment Un jour après la vie, en 1984, et Demain sans moi, en 1994, chantent de façon presque classique la précarité, ou douloureuse ou rayonnante. Je ne suis pas un poète d’eau douce (1996) rassemble ses poésies complètes, de 1945 à 1994. «Par la prose, disait-il, je m’exprime. Par le poème, je m’extrapole.»
Entre la poésie et la prose, un fort volume d’aphorismes, La Fable et le Fouet, en 1994, que Bosquet a mis plus de vingt ans à rédiger, conjugue scepticisme et émerveillement. Dans ce même registre, on lui doit Le Gardien des rosées (1990).

Très attentif aux poètes belges, Alain Bosquet a notamment publié, avec Liliane Wouters, une Anthologie de la poésie francophone de Belgique, en quatre volumes.

Un autre homme (Gallimard, 2006), rédigé par quelques proches, dresse un beau portrait de l’homme. Tout comme, en 1969, un numéro spécial de la revue Marginales où il dit en substance : «Je voudrais donner le sentiment du beau, ou plutôt de l’essentiel.»

Alain Bosquet a été élu à l’Académie le 14 juin 1986. Il est décédé le 17 mars 1998.

– Manuel Couvreur et Yves Namur



BIBLIOGRAPHIE

La grande éclipse, roman, Paris, Gallimard, 1952.

Quel royaume oublié?, poésie, Paris, Mercure de France, 1955.

Maître objet, poésie, Paris, Gallimard, 1962.

Un besoin de malheur, roman, Paris, Grasset, 1963.

Les petites éternités, roman, Paris, Grasset, 1964.

La confession mexicaine, roman, Paris, Grasset, 1965.

Quatre testaments et autres poèmes, poésie, Paris, Gallimard, 1967.

Les tigres de papier, roman, Paris, Grasset, 1968.

L'amour à deux têtes, roman, Paris, Grasset, 1970.

Cent notes pour une solitude, poésie, Paris, Gallimard, 1970.

Chicago, oignon sauvage,nouvelles, Paris, Grasset, 1971.

Notes pour un amour, poésie, Paris, Gallimard, 1972.

Monsieur Vaudeville, roman, Paris, Grasset, 1973.

L'amour bourgeois, roman, Paris, Grasset, 1974.

Notes pour un pluriel, poésie, Paris, Gallimard, 1974.

Les bonnes intentions, roman, Paris, Grasset, 1975.

Poèmes, un (1945-1967), poésie, Paris, Gallimard, 1977.

Le mot peuple, poésie, Paris, Les Éditeurs Français Réunis, 1974.

Le livre du doute et de la grâce, poésie, Paris, Gallimard, 1977.

Le cheval applaudit, poésie, Paris, Les Éditions Ouvrières, 1978.

24 natures mortes ou mourantes, poésie, Paris, Éditions de la Différence, 1978.

Une mère russe, roman, Paris, Grasset, 1978.

Jean-Louis Trabart, médecin, roman, Paris, Grasset, 1980.

Poèmes, deux (1970-1974), poésie, Paris, Gallimard, 1981.

Sonnets pour une fin de siècle, poésie, Paris, Gallimard, 1981.

L'enfant que tu étais, roman, Paris, Grasset, 1982.

Ni guerre ni paix, roman, Paris, Grasset, 1983.

Les fêtes cruelles, roman, Paris, Grasset, 1984.

Un jour après la vie, poésie, Paris, Gallimard, 1984.

La poésie francophone de Belgique (4 tomes), avec Liliane Wouters, anthologie, Bruxelles, Académie royale de langue et de littérature françaises, 1985-1992.

Le tourment de Dieu, poésie, Paris, Gallimard, 1987.

Un homme pour un autre, roman, Paris, Gallimard, 1987.

Lettre à mon père qui aurait eu cent ans, roman, Paris, Gallimard, 1987.

Comme un refus de la planète, roman, Paris, Gallimard, 1988.

La mémoire ou l'oubli, roman, Paris, Grasset, 1990.

Le métier d'otage, roman, Paris, Gallimard, 1990.

Bourreaux et acrobates, poésie, Paris, Gallimard, 1990.

Effacez-moi ce visage. 34 poèmes pour Francis Bacon, poésie, Paris, Éditions de la Différence, 1990.

Poèmes de la 22e année, poésie, Paris, Éditions de la Différence, 1992.

Les solitudes, roman, Paris, Gallimard, 1992.

Je ne suis pas un poète d'eau douce. Poésies complètes (1945-1994), poésie, Paris, Gallimard, 1996.



BIBLIOGRAPHIE CRITIQUE

Charles Le Quintrec, Alain Bosquet, Paris, Seghers, coll. «Poètes d'aujourd'hui», 1964.

Hubert Juin (dir.), Alain Bosquet, Paris, Pierre Belfond, coll. «Identités», 1979.

Saint-John Perse et Alain Bosquet, Correspondance 1942-1975, Paris, Gallimard, 2004.

Collectif, Un autre homme. Hommage à Alain Bosquet, Paris, Gallimard, 2006.



E-BIBLIOTHÈQUE

Proposition pour l'itinéraire d'un poème (PDF 60Ko)
Communication à la séance mensuelle du 12 septembre 1992



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